Mon concept écoresponsable
Moi-même actrice de cette surproduction en tant que styliste de grande distribution, je voulais participer, même de façon infime, au recyclage de ces vêtements.
Partir de l’existant rejeté pour le réincarner en pièces uniques, colorées et désirables :
Des pièces uniques de tissage artistique réalisées à partir de textiles recyclés. Chaque pièces est chinée, récupérée, puis rhabillée d’un tissage coloré entièrement réalisé à la main avec pour matières premières 100% de textiles recyclés.
La démarche :
Tout a commencé par une réflexion écoresponsable : l’envie de créer mais également de donner du sens à mon travail. Je tenais absolument à partir de l’existant. Soustraire les rebus de la production de masse et les réincarner en œuvres uniques , colorées et utiles.
Récupérer :
Trop souvent on achète, on utilise, on se lasse ou on casse, et on jette.
Les vides greniers, les dépôts-ventes et les communautés locales de dons regorgent de trésors rejetés car plus à la mode ou abimés.
Chaque jour je guette le siège , le fauteuil ou le transat qui sera le déclencheur d’un nouveau projet .
De même pour les textiles.
La production de masse de vêtements à des prix dérisoires nous pousse à consommer toujours plus, toujours plus vite et à jeter. Moi-même actrice de cette surproduction en tant que styliste de grande distribution, je voulais participer, même de façon infime, au recyclage de ces vêtements. N’utiliser que des textiles destinés à la poubelle et les valoriser de manière durable dans un nouvel usage donne un vrai sens écoresponsable à mes créations.
Réparer :
Les meubles que je récupère et qui servent de structure à mes tissages sont bien souvent usés, abimés, marqués par le temps et l’usage.
Cela leurs procure une histoire qu’il me plais de continuer à écrire en les préparant pour une seconde vie.
Souvent il me faut poncer, décaper, nettoyer, démonter, repeindre, réparer ou changer certains éléments toujours en utilisant des matériaux de récupérations.
Alors bien sûr ils n’ont pas l’éclat et la perfection que l’on attend d’un meuble neuf, il arrive qu’un transat reste un peu de guingois en souvenir des nombreux repos qu’il a accueillis, ou qu’un bois conserve sa teinte grisé par l’air marin. Cela fait partie de leur histoire.
Transformer :
Tous les vêtements que je recueille sont avant tout lavés, puis classés par couleurs.
Chaque création commence par une composition de nuances et de textures. Créer une harmonie , la faire grincer un peu ou au contraire la fondre en dégradé de teintes. Je compose la palette qui viendra garnir la structure. Ensuite chaque vêtement ou linge de maison est découpé en fines bandes en fonction de ses caractéristiques. Il faut esquiver chaque trou ou tache indélébile, les apprivoiser en s’adaptant aux contraintes techniques de tous ces tissus ; les extensibles, ceux qui s’effilochent, ceux qui se recroquevillent, qui s’entortillent, les épais , les fins… C’est le début de la transformation, la déconstruction d’un usage. Je ressens toujours beaucoup d’émotion pendant cette étape où je pense aux personnes qui ont possédé ces textiles, à leurs histoires, leurs vécus et quand la provenance est anonyme je l’imagine, une rêverie allégorique qui forge la trame de mes tissages.
Créer :
Enfin je peux entreprendre le tissage.
L’enchevêtrement de chaque histoire, couleur, texture, la composition de formes et de motifs au grés des bandes , en fonction de leur nombres, de leurs longueurs. Point par point , ligne par ligne c’est une nouvelle histoire qui s’écrie au fils duquel mon esprit s’évade et gambade d’une couleur à l’autre. Pour moi, les couleurs sont catalyseurs d’émotions. Créer, assembler, composer, décliner, sublimer, raconter à travers ces de lambeaux de tissus. Et enfin, le dernier nœud qui sera le point final et en même temps la première page d’une nouvelle aventure.